Suite de l’article historique du 28/05/2010 (Cliquer ICI pour le lire)

Il décida de concevoir un appareil basé sur le principe du Leica, mais vendu un prix raisonnable. Il chargea son équipe d’ingénieurs d’en dessiner un. Le « père » du premier modèle s’appelait Gustave FASSIN. Il faut noter que son nom n’apparaît nulle part, seul celui de Verschoor est cité sur le brevet…
Ce premier appareil est né en mai 1936, et fût baptisé « ARGUS ». Il était prévu pour utiliser la nouvelle cartouche 35 mm permettant de charger le film en plein jour. Cette cartouche avait été lancée par Kodak en 1934, en même temps que le Kodak Retina. Ce Retina était vendu 52,50 US$, ce qui était une grosse somme, dans ces dures années de récession.
La nouvelle cartouche pouvait être rechargée en chambre noire avec les
chutes de films cinéma, disponibles pour pas cher et en grande quantité à cette époque. Le premier film Kodak Couleur fût le Kodachrome, seulement disponible dans ce format. Ce simple film propulsa le 24×36 mm à une vitesse fulgurante sur le marché Américain. La symbiose de l’appareil ARGUS et du film Kodak 35 mm dopa finalement les deux compagnies.
L’Argus A, tel était désigné le premier modèle, était aussi simple qu’il pouvait l’être. Les ingénieurs de la firme maîtrisaient parfaitement le moulage de la bakélite et utilisèrent cette maîtrise à fond, dans le design du boiter, tout en rondeurs, avec un simple motif Art-déco sur son dos en aluminium embouti.
Le premier modèle d’Argus A, avec sa boîte d’époque. Il y était protégé avec du coton !
Il fût proposé au public au tout début de 1936 pour la somme dérisoire de 12,50 US$, à comparer au prix du Leica qui inspira M. Verschoor… Ce fût une véritable ruée sur cet appareil !
IRC déclara plus tard qu’il en fût vendu 30000 exemplaires lors de la première semaine… On peut affirmer aujourd’hui, qu’il a popularisé la photographie, et pas seulement aux U.S.A.. Certains pensent même que, sans lui, il n’y aurait peut-être pas eu d’appareils 35 mm pour amateurs …
Parallèlement à cette activité, IRC continua à améliorer sa « Kadette ». Et à baisser son prix !
Cela a peut-être été une erreur ! En effet, à force de la vendre toujours moins chère (tout en gagnant de l’argent !), les revendeurs se mirent à bouder cette marque, qui ne leur laissait pas de marge assez confortable…

Charles Verschoor revendît alors son activité radio et le nom de « kadette » à W. Keene Jackson, en 1939. Ce fût une sage décision, puisque rapidement la « Kadette Radio Corp », dût cesser son activité…
Alors que IRC continuait à gagner beaucoup d’argent avec son Argus A ! IRC signifiait d’ailleurs maintenant « International Research Corporation » et non plus « International Radio Corporation » !

Décrivons un peu plus ce miracle. Simple, ultra simple même, son boitier en bakélite moulé avec son dos en aluminium embouti, simplement emboité sur à l’arrière. Un viseur optique permettait le cadrage, tandis que l’objectif était sortant, aidé par un ressort. Ce principe valût d’ailleurs un récompense à M. Verschoor… Il permettait de rendre plus compact encore l’appareil, une fois l’objectif rentré dans le boitier, et permettait vraiment de tenir dans une poche ! Réglage du diaphragme et de la vitesse, bouton d’armement et de rembobinage, compteur de vue, et c’est TOUT !

L’objectif était du type Anastigmat en trois éléments ouvrant à f/4.5. La formule était connue, mais très performante (elle l’est d’ailleurs toujours, preuve que Karl Zeiss, son inventeur, avait eu « bon » dés le départ !). Les éléments frontaux pouvaient être facilement démontés pour être nettoyés (!). L’obturateur était un Ilex-Precise armé par un petit levier sur le coté de l’objectif. Les vitesses étaient 1/25, 1/50, 1/100, 1/200, pose B et pose T. Un luxe par rapport aux Kodak Brownies et Univex A !! La bakélite fût rapidement proposée en Gris, Marron et Kaki, en plus du noir naturel. Le motif Art-déco du début était réellement embouti dans l’aluminium, et ensuite surligné à la peinture noire. La seule faiblesse de ce premier Argus était qu’il ne disposait pratiquement pas de mise au point. En fait, lorsque l’objectif était sorti, les objets étaient nets de 15 pieds (4,5 m environ) à l’infini. En tournant l’optique de 60 degrés, il sortait un tout petit peu plus, et le point était alors entre 8 pieds (2,4 m) et 15 pieds. Les deux « crans » étaient parfois difficiles à trouver…
Le modèle A fût produit de 1936 à 1941. Il existât sept versions différentes, jusqu’à son extinction, en 1951. Plus de 210.000 Type A furent vendus, et en comptant toutes les versions dérivées, on parvient au chiffre incroyable d’un demi-million !

Caractéristiques du modèle A :
  • Produit de 1936 à 1941.
  • Prix de vente (à l’époque) : 12,50 US$. Soit environ 160 US$ d’aujourd’hui.
  • Obturateur : Ilex Precise, disposant de 1/200, 1/100, 1/50, 1/25, B, T
  • Ouverture : f/4.5

Numéros de série par années (approximations) Le numéro est inscrit au-dessus de la fenêtre d’exposition :
  • 1936 de 1 037 à 50 000
  • 1937 de 50 000 à 90 000
  • 1938 de 90 000 à 130 000
  • 1939 de 130 000 à 160 000
  • 1940 de 160 000 à 190 000
  • 1941 de 190 000 à 211 589
  • Marquages sur l’optique : Argus Ilex Precise 1936-1941, Argus IRC Anastigmat 1937-1941, Argus IRC 1941.
  • Axe d’entrainement en cuivre à simple dentition 1936-1937, double dentition en aluminium 1937-1941
  • Filetage trépied à partir de fin 1936.
Viendront ensuite les modèles AF, B, A2B, A2F,AA, FA. Et beaucoup d’autres. Aujourd’hui, Argus existe encore en tant que marque, mais, nous sommes bien loin de la firme à la pointe de la technologie des premières années.



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