Frescaty BA-128, SAISON 2 Episode 2
Je suis sûr que vous êtes curieux de savoir comment se déroulait la journée "chez les Fusco".
C'est simple. Les journées font 24 heures. Jusque là, normal.
Le rythme est tel que : 24 heures de corvées, 24 heures de gardes, 24 heures de corvées, 24 heures de manoeuvres/tirs. ah bon ? Oui, oui. OK.
Soyons plus préçis. Vous ne passiez pas 24 heures à faire le ménage. Seulement une journée de travail (8h). Par contre, vous passiez bien 24 heures en garde.
Le bâtiment des Fusco vu du logement que j'occuperais ensuite. On distingue bien l'enclos grillagé et, à gauche, deux niches pour les chiens des "Cynos". Le temps est le temps de base à Metz en hiver. A cette époque là, on ne s'alarmait pas aux informations lorsque la neige tombait en hiver...
Une garde :
Une centre de communication non loin de la base.
Nous sommes deux à y être déposés un matin.
L'endroit est constitué d'un bâtiment cubique, d'un grand mat truffé d'antennes, et au coin du terrain, d'un petit cube de parpaing comme un abri de jardin. Un blockhaus peut-être ?
Les 24 heures s'étireront en restant dans le poste, à garder l'endroit contre toute intrusion. Que le temps est long à ne rien faire ...
Les techniciens qui étaient là étaient sympas, et s'affairaient sur les installations.
Les repas étaient apportés dans des boite isothermes par l'intendance.
Ce qui nous a étonné était l'absence de dortoir. Toujours cette préoccupation de repos.
Une fois le repas du soir terminé et la nuit bien tombée, un seul soldat devait rester dans la salle.
L'autre allait se reposer.
Où cela ?
Dans l'abri de jardin en parpaing bien sur.
En route vers la "chambre".
J'arrive vers ce petit abri, 2m x 2m environ, pas de fenêtre, une porte métallique au milieu. Qui ne ferme pas.
Pas de lumière.
A gauche, un lit de 0,60. A droite, rien. Si, des feuilles mortes charriées par le vent.
Il n'y avait pas le "bonne nuit Monsieur !" de l’hôtelier !
Pas de lumière veut dire, pas de chauffage.
Encore une fois, merci à la parka...
Encore une nuit passée tout habillé sur un matelas moyen.
La porte métallique ne fermait pas, rappelez vous.
En fait, elle s'ouvrait avec le vent, et se refermait, et s'ouvrait.
Il a fallu trouver un moyen de la coincer, pour fermer un peu l’œil.
Une autre garde :
Un jour, un gradé Fusco me fait appeler et me dit que je passe en garde, à Reymond. On vient me chercher.
OK. Une jeep arrive, je monte.
Il pleut à torrent. Les portes bachées volent, les embruns entrent dans la voiture. L'appelé conduit à fond. On sait qu'une jeep tient moyennement la route. Alors sous un déluge, avec les pneus "military"...
De l'eau gicle entre mes pieds à travers des trous du plancher.
Rappelons que les jeep, des Willys fabriquées sous licence en France par Hotchkiss avaient à l'époque minimum 17 ans, puisque les dernières sont tombées de chaine en 1966. Elles restèrent en service jusqu'en 2000 date des dernière réformes !
Mais c'est un véhicule mythique et ce voyage restera gravé dans ma mémoire.
Nous arrivons devant le Quartier Reymond, au 32 de la rue du Général Franiatte à Metz. La mission était simple, contrôler les visiteurs du quartier, une caserne en fait. J'ai appris récemment qu'elle hébergeait, entres autres, des archives, comme les résultats des tests des 3 jours (!).
Pendant 24 heures encore. Une chambre avec 3 lits étaient prévue derrière le poste de garde. Une petite salle avec un micro-onde et une table pour les repas. Des sanitaires et douche, pour rester propre.
La journée, les trois soldats de faction étaient généralement dans le poste de garde, prenant les repas dans la pièce à l'arrière. La nuit, les tours se faisaient seul, par 3 heures. Cette garde était plutôt sympa à faire, on y était déposé le matin et récupéré le lendemain, même heure.
Sauf le jour où il y eut une réception ou un événement, plusieurs centaines d'invités sont venus. Et à chaque entrée de véhicule, il fallait ouvrir la barrière et la refermer derrière, en saluant à chaque fois !
J'ai fait beaucoup de gardes à Reymond.
L'entrée du quartier Reymond vue par Google Car en 2016. Le poste de garde est derrière l'arbre de droite, la salle de repos à l'extrème droite. On voit bien que la nature reprend ses droits sur la cour, on ne voit même plus les bâtiments du fond.
Ce fût comme cela durant la toute période "Fusco". Je m'en souviens comme d'une expérience épuisante.
Mais la fin de cette "saison" arrivait.
J'allais enfin être au service photo.
Je devais déménager dans un nouveau bâtiment, mais, il n'y avait pas encore de place, je suis passé de dortoir en dortoir pendant quelques semaines.
Pas grave.
Depuis, j'ai déménagé 9 fois et changé de métier/employeurs 6 fois, donc, je suis assez "adaptable" je pense.
Derrière moi, à droite les bâtiments dans lesquels je passerais les derniers mois de 1983. J'étais logé au premier étage du deuxième bloc. A gauche on aperçoit l'angle de la clôture du domaine des Fusco. C'est dans ce recoin que l'on a tiré à blanc sur l'instructeur. C'était un dimanche d'été, pas joyeux, celui que j'ai appelé Alain a pris la photo avec mon Rollei 35s sur film Kodak Recording 2475 de 1000 Asa développé dans du DK50. Ceci pour justifier cette histoire dans ce blog photo..
Le nouveau bâtiment était confortable. Par rapport à ce que j'ai pu lire de témoignages au sujet de l'hébergement sur la base dans les années 70, c'était même top.
Une des deux salles de bain d'une chambre. Avouons que c'est tout à fait décent et confortable.
Mon "coin" avec mon paquetage déballé.
Les chambres, de 8, avaient une forme de U. Au centre du U, 8 grandes armoires, énormes même. Les lits disposés par deux rangées de 4. En haut du U, deux salles de bains, toilettes, douches. Franchement mieux qu'un Formule 1 d'aujourd'hui où les toilettes sont extérieures.
C'est nous qui devions, bien sûr, entretenir les locaux, mais la chambrée était bien, tout le monde faisait sa part.
Je me souviens que nous utilisions des patins pour marcher avec nos chaussures sur les dalles que nous entretenions...
Les potes étaient sympas, il y avait Yann, Denis, Alain, Sylvain ...
Mais ce sera une autre histoire...
Avant de fermer cette page :
Je pense que, finalement, le statut même d'appelé était inconfortable.
Imposés par le système du service national aux personnel engagé, ils étaient finalement très proches des stagiaires dans une entreprise.
Sauf que lorsque le nombre des stagiaires frôle le nombre d'employés, la société aura du mal à fonctionner. Les chefs sont tendus, ne sachant quoi faire de tout ces stagiaires "qui ne savent pas bosser" et accessoirement "ne veulent rien foutre" (ce qui n'est pas incompatible !) et les stagiaires ont l'impression de faire des taches ingrates et inintéressantes... Un peu comme les appelés, non ?
Et si c'était le point de départ d'une réflexion sur les dysfonctionnements du service national à l'époque ?
A bientôt !
Commentaires
Enregistrer un commentaire