La journée d'un photographe de studio en .... 1986 !

Un peu à la manière de l'article "Central-Color", je vous propose cette fois une petite chronique sur mes années de photographe de studio.

Elles sont d'ailleurs consécutives aux années "Central". Même si le poste de tireur-filtreur me plaisait, mon but de l'époque était de devenir photographe. point.

Je donne donc ma démission (oui, on pouvait sans peur), et pars à la recherche d'un emploi d'assistant dans tous les studios de Paris. Quelle douce inconscience !

Je m'aperçois vite qu'il faut avoir un book. Mais pour avoir un book, il faut avoir travaillé en studio. Mais pour travailler en studio, il faut être assistant ... Et tourne, tourne.

Mais, enfin, je "tombe" sur un studio dans le 12eme, qui veut bien d'un assistant sans book. Yeah!

Présentation du lieu : Ancien cinéma, reconverti en studio dans les années 70. Vaste Cyclo en contreplaqué de 5-6 mètres de large, 5 de profondeur et hauteur. Et autour, trois "plateaux" de 5x6 environ. Le matériel était simple. 2 Sinar (une C, une P) 1 plaubel. Toutes 4x5" et 13x18.
Quatres balcar bien fatigués avec les parapluies et une escadrille de Cremer.

La majorité des shoots étaient faits en lumière artificielle, à l'aide de ces Cremer. Ils existaient en 250, 500, 1000, 5000 et 10000 w. Alimenté, tout d'abord en tension abaissée (vers 150v) ils passaient en 220 pour le shoot, économisant les lampes. La première chose à retenir pour éclairer avec un Cremer et que, en cas d'ombre projetée, l'ajout d'un Cremer n'enlève pas l'ombre mais en ajoute une... 
Nous réalisions dans ce studio, principalement des photos de décors présentant canapés, cuisine (qui viennent des Alpes), cheminée de chez René, et même escaliers (y'en a pas 2).

Il fallait donc, dans l'ordre :
- Dérouler une moquette ou un sol vinyl,
- Monter un décor, constitué de panneaux de contreplaqués fixés sur tasseaux, de 3x4m, fixés entres eux avec des serre-joints,
- Peindre ces murs de bois (l'épaisseur de peinture sur certains panneaux atteignait 1 cm, et ils pesaient jusqu'à 100 kg), ou poser du papier peint (c'est là que j'ai appris !),
- Placer la chambre, pour déterminer le cadrage,
- placer les objets à photographier,
- attendre que le styliste fasse la déco (tableaux, lampes, tapis)
- placer pendant ce temps, les éclairages,
- Passer en 220v, faire la mesure (Lunasix F),
- Charger les châssis,
- faire le shoot,
- amener les 4x5 chez Dupon Bastille (à l'époque),
- examiner les 4x5 au retour sur table lumineuse (voir en bas),
- lancer le traitement des Ektas restants.

Nous shootions en fait 2 exemplaires de plus que la commande. Le premier était le "test", nous demandions à Dupon +1/2, -1, etc,  (diaph) pour le reste. Les Ektas en surplus étaient les archives. 
Je me souviens que les agences de pub nous parlaient de modifs au scanner. Nous ne savions même pas ce qu'il voulaient dire !

Nous n'utilisions que du Kodak.
Un jour, pour photographier un canapé turquoise, nous avons essayé tous les films dispos !
Pas moyen d'avoir le turquoise !!!
Fuji, kodak. Aucun n'y parvenait.
Nous achetions à l'époque les films dans une boutique boulevard Beaumarchais (qui n'est plus).

Je me souviens aussi que nous opérions au "chapeau". Comme les temps de pose étaient longs (10-20 sec), nous fermions l'obturateur, l'armions, enlevions le volet du chassis, et le placions devant l'objectif. Clic, ouverture en pose "T", nous enlevions le volet, regardions la montre, et quand le temps est atteint, volet, clic, et remise du volet.

Dans la liste des tâches, l'assistant participait à TOUT ! peinture comprise. Avec nettoyage des rouleaux et aspirateur sur la moquette. Et oui, il ne fallait pas se la "péter" tout de suite.

Au bout de quelques temps, j'ai eu l'honneur de shooter moi-même, perdant, au passage quelques heures de peinture et de bricolage.
Plus tard, le studio comptait deux photographes ! Dont moi, Enfin. !

Au bout de 2 ou 3 ans, le studio s'est équipé d'une boite à lumière de 2x3, motorisée, suspendu à des sangles, entièrement mobile. La Lunasix F a eut un rôle à jouer (aux coté du flasmètre minolta).

J'ai quitté ce studio en 1991.

Le studio est aujourd'hui devenu le Abel 14, visiblement plus orienté vidéo. Moi, ensuite, cela été une carrière en ... informatique !

Et aujourd'hui, je vend du négatif et du papier ! (www.nicablad.com)


 Quelques Ektas en 6x7, 4x5 et 13x18. Trente ans, et toujours là ! Le petit compte-fil m'avait été offert par Central-Color, à mon embauche.


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