Les marques d'appareils photographiques en 1980

Pour faire suite à l'article consacré au marché de la photo en 1980, celui-ci traitera des différentes marques alors disponibles. Il est le fruit de consultation de nombreux documents, articles, enquêtes de l'époque et aussi ma propre expérience (de boomer).

Le but est de donner des indices utiles lors des recherches d'appareils d'occasion en 2020.

Avant cela, il est essentiel de re-préciser certaines choses que le numérique a fait oublier.

Comme les différentes catégories de reflex :

NOTE : Suite à des échanges avec un "non comprenant" sur un certain réseau social, je préçise que ces catégories correspondent à un fonctionnement nominal de l'appareil, pour lequel ils étaient vendus. Certes, un Ft-b est un manuel s'il n'a pas de pile, mais dans ce cas c'est son mode dégradé, cela reste un semi-automatique ... Un AT-1, par exemple, sans pile, ne deviendra pas un manuel, puisque sans pile il est inopérant...

1/ L'appareil Manuel : Il ne dispose PAS de cellule. C'est un Lubitel, un Leica, Kodak Starflash ou encore un nikon F avec un prisme plat. Il faut donc mesurer la lumière, ou l'estimer, et appliquer vitesse et ouverture sur l'appareil. On ne pourra pas sur le Starflash ! Certains boitiers hébergent tout de même une cellule, mais elle ne mesure pas à travers l'objectif et ses valeurs ne sont pas affichées dans le viseur. Cela revient donc à avoir une cellule à main. Citons le Canon FX, Minolta SR, Canonflex, Exakta (plus anciens).

2/ L'appareil Semi-Automatique : Doté d'une cellule, celle-ci commande soit une aiguille, soit des diodes dans le viseur. Il faut alors aligner une aiguille "suiveuse" sur la première, a agissant sur la bague des ouverture ou le barillet des vitesse. Ou allumer une diode verte. C'est un Canon Ft-b, un Canon AT-1, un Canon A1, un Minolta SRT, un Nikon FM (diodes), un Olympus OM-1, un Pentax MX (diodes) ou encore un Miranda Sensomat RE. Attention dans cette catégorie, certains appareils font la mesure à diaphragme réel, autrement dit fermé. La visée est donc plus sombre. Ce sont les plus anciens, par exemple, les Canon FT, TL, Pentax Spotmatic. 

3/ L'appareil Automatique : Là, la cellule calcule l'ouverture en fonction de la vitesse que VOUS avez choisi (priorité Vitesse ou Tv) OU la vitesse en fonction de VOTRE ouverture (Priorité Ouverture ou Av). Ce sont les Canon AE1 (Tv), Canon AV-1 (Av), Canon A1 (Av et Tv), Nikon FE (Av), Olympus OM-2 (Tv), Minolta XD7 (Av et Tv), Pentax ME (Av), Minolta XG1 (Av), etc.

4/ L'appareil entièrement automatique, ou "Program": Dans ce cas, vous ne choisissez rien. En fonction de la lumière, l'appareil choisit le couple ouverture/vitesse idéal. Ce sont l'AE-1 Program, le Canon A1, le Minolta X700. Ces deux derniers sont même multi-automatisme puisque Av, Tv et Program.

Le mode manuel des numériques est donc un leurre, c'est un semi-auto.

Si vous voulez comprendre la technique, la maitriser, pas de doute, c'est soit un semi-auto, soit un automatique qu'il vous faut. Evitez absolument les appareils de la génération 90, fourrés d'électronique et de fonctions inutiles (je pense au Minolta Dynax 7000i et ses cartes mémoires !).

Parmi les 20 marques principales, voyons les 10 premières, dans l'ordre des ventes, en 1980 :

Canon, Minolta, Pentax, Nikon, Fujica, Olympus, Praktica, Zenit, Konica et Chinon.

et les 10 dernières :

Yashica, Mamiya, Rollei, Miranda, Lubitel, Ricoh, Kodak, Leica, Revue, Petri.

On remarquera que dans le deuxième groupe, Rollei, Miranda, Ricoh, Kodak, Revue et Petri ont disparus, ou ne fabriquent plus d'appareils photographiques.

J'ai été surpris de constater que Yashica continue à vendre (ou à présenter) les MF1 et MF2, compact argentiques, et le très surprenant Y35, un numérique qui ressemble comme un jumeau à un Electro 35, légèrement plus petit, mais qui semble avoir du mal a exister !

Parmi les dix premiers, tous sont encore de la partie.

Si vous cherchez un appareil fiable. Ou plutôt, si vous cherchez LE plus fiable, pas d'hésitation, c'est le Nikon F. Son taux statistique de panne est de 0,7 pour 100000 déclenchements...

La moyenne pour TOUS les appareils de l'époque s'établissant à 17 !

Le pire, c'est le Lubitel. Vous savez, celui qui a lancé cette mode de la médiocrité (la lomotomie). Lui, culminait  à ... 84 !!

Il est à noter que les taux de pannes ont régulièrement augmenté au fur et à mesure de la pénétration de l'électronique dans les modèles. Un XG7 est moins fiable qu'un SRT303 (19 contre 7), un Nikon FM moins qu'un Nikkormat FT (12 contre 3), un Canon AE-1 moins qu'un Ft-b (16 contre 10). Gardez bien cela à l'esprit. Le Canon AE-1 a beaucoup de succès en 2020, ce qui me surprend toujours beaucoup, un Ft-b étant bien plus formateur, et en plus largement plus endurant...

Souvenez vous de cela en cherchant un argentique, l'électronique n'est pas si fiable que cela avec le temps. Un appareil mécanique va être gommé, aura besoin d'un nettoyage et d'un peu de lubrifiant, un AE-1 qui a un de ses composants grillé, soudé en surface sur une carte souple est mort ... Et ce n'est pas les tutos de Youtube qui vont vous permettre de le réparer.

Personnellement, je ne parlerais pas des Russes ou Est-Allemands. 

Je sais que ces appareils comptent des adeptes, aveugles à leurs défauts. La non fiabilité n'est pas une légende, nous avions un taux SAV de 84 pour le lubitel, 57 pour le Praktica, 46 pour le Zenit E, avec un SAV reconnu déplorable.  Alors oui, certaines optiques sont très bonnes. Certaines. Cela dépend à quel moment de la journée l'ouvrier, pas forcément motivé dans cette URSS légèrement oppressive, a terminé le Jupiter... Autre raison qui, selon moi, ne mérite pas le détour, c'est le prix. Un Zenit se propose sur les sites entre 50 et 200€ (si, si le TTL !! ). Sérieux ? à ce prix là vous avez un Minolta SRT avec 2 optiques ! Et puis le Zenit ça sent la graisse de T34, c'est spécial... Mais chacuns ses goûts..

Sur les annonces, nous avons une image fidèle du marché de la photo en 80.

Je m'explique. Lorsqu'un amateur achetait un appareil, disons, un Olympus OM-2, il le payait 2900 Frs, soit presque deux mois de salaire au SMIC ! C'est comme acheter un appareil à 2400 € en 2020, peu sautent le pas, non ? Et bien cet amateur, il a très envie d'un grand angle. Oui, mais le 24 mm Zuiko coute 1500 Frs. Encore un SMIC. Alors que fait-il le petit amateur ?

Il achète un zoom pour couvrir plusieurs objectifs ! Et pas un Zuiko (2700 Frs le 35-70 mm). Non, il achète ce que l'on appelait un "third", un fabricant tierce. Un Tokina 24-85 f:/4 par exemple. A 2000 Frs. Et voilà pourquoi, en 2020, dans les lots, on voit des zooms à la pelle. A là, c'est pas glorieux. Les zooms amateurs en étaient un peu à leurs débuts et bien des marques sont assez mauvaises. Tokina passe encore, Soligor aussi, mais Makinon, Sun, Komura, Hanimex, c'était la roulette et pas Russe cette fois !

Non seulement les zooms de l'époque étaient peu lumineux (perte d'au moins 2 diaphs par rapport à un objectif fixe), mais ils étaient très sensibles au Flare (reflets internes qui provoque un voile). Donc, un conseil, évitez les zooms et essayer de négocier le lot sans ces saletés optiques. Sauf si c'est un Vivitar Serie I 35-85 f:/2.8 par exemple, c'est une des rares exceptions.

Ce n'est pas le dernier article sur le sujet, j'y reviendrais, plus préçisement... A bientot.

Commentaires

  1. Merci pour cet article qui nous permet de mieux aprécier certains ordres de grandeur dans le temps.
    Concernant la classifaiction des appareils, j'aurais une petite suggestion pour une meilleur compréhension par les masses et plus de précision pour les puristes.
    En propriétaire et utilisateur d'un Canon FTb et d'un Yashica Mat 124 G, je considère avoir dans ces deux cas, non pas des semi-automatiques mais plutôt à des appareils manuels avec mesure intégrée. Si l'utilisateur n'agit pas pour spécifier un réglage suggéré par la mesure l'appareil ne fait rien... qu'une mesure (et encore si l'utilisateur a allumé la cellue et/ou mis un pile).
    Au plaisir.

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    1. Je me suis basé sur le types d'appareils tels que commercialisés en 1980. Cela fait beaucoup réagir, mais c'est comme cela. Dans le docs, les publicités.
      Vérifiez, un FTb (j'en ai 4) , était bien vendu comme un semi-auto. Parce que la cellule, renvoyée dans le viseur, permettait de trouver le couple vitesse/ouverture sans quitter le viseur du regard. Un manuel exige une cellule à main, ou déportée, en tous cas avec lecture externe. Les appareils numériques ont troublé un peu le paysage avec leurs mode manuel qui indiquait les réglages à suivre...

      Sinon que serait un Leica sans cellule ? Un moins que manuel ?? Merci pour votre lecture et commentaire.

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  2. Voir cette ligne sur le site on ne peut plus sérieux de Sylvain Halgand :

    "Le FTb étant un appareil semi-automatique, la position A de l'objectif FD n'est pas utilisable. Le FTb permet une mesure de l'exposition à pleine ouverture. Sous le levier du retardateur, une position est enclenchable pour la mesure à diaphragme fermé avec les objectifs non-FD."

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