Frescaty BA-128 SAISON 1 Episode 1 bis
L'épisode 1bis de cette histoire. Pourquoi bis ? Lisez :
Le rédacteur de ce blog m'a contacté pour avoir des précisions, des rappels, des rafraîchissement de mémoire.
Et puis, il m'a demandé si je ne voulais pas donner ma vision de l'encadrement d'un contingent.
Je suis l'ancien Sergent M.
--------------------------------------------------------------------------------------------
Ma vision de l'encadrement du contingent 83/02 -83/04
Je suis détenteur d'un baccalauréat en technique quantitative de gestion (comptabilité) mais ne trouvant pas de travail, j'effectue mon service militaire avec le contingent 79/12 au sein des Forces Françaises en Allemagne au 1er Régiment de Spahis.
Cette année me fait découvrir la vie militaire avec toutes ses activités : sport, marche, combat, manœuvre, campagne de tir.
J'en retire une très belle expérience et décide de passer le concours pour l'Armée de l'Air dès la fin de mon service, le jour même de ma libération.
Le 3 janvier 1981, je sais que j'ai réussi et intègre la Base aérienne de Nîmes en avril 1981.
Mes résultats militaire et professionnels me permettent de choisir la Base Aérienne 128 de Metz à la fin de ma formation.
J'accède au grade de sergent le 1er février 1982 et décide en septembre de préparer le concours d'officier.
Mais suite à des problèmes relationnels avec mon chef de service et compte tenu de mon peu de temps d'activité, il m'inscrit pour l'encadrement des contingents 83/02 et 83/04, suivi de deux mois chez les commandos pour participer au Groupe de Renfort et d'Intervention (GRI) où je retrouverais d'ailleurs des jeunes que j'aurai encadré.
Mon chef s'est débarrassé de moi pendant 6 mois.
Une semaine avant le début de l'encadrement, je rejoins le Fort de Plappeville aux portes de Metz.
C'est un fort de la guerre de 1870 en pierre et en partie enterré. Il est entouré de douves et on y accède par un pont-levis.
Cette semaine de préparation permet à nos officiers et sous-officiers supérieurs de constituer des équipes, de nous jauger au niveau sportif, de voir nos compétences au niveau militaire. Nous préparons également nos cours.
Le maître mot de cette semaine est "former au mieux" les nouveaux appelés du contingent pour réussir avec panache la présentation au drapeau qui a lieu au bout de 4 à 5 semaines.
Mais ces deux contingents ne sont pas les plus simples à gérer au niveau de la personnalité des recrues. En effet, ce sont dans ces deux contingents que l'on retrouve principalement les recrues provenant des Départements et Territoires d'outre-mer (je les appellerai DOM TOM tout au long de cet écrit) et ceux qui ne sont pas ou plus étudiants contrairement aux contingents de la 08, de la 10 et de la 12.
Entre nous nous disions que nous recevions la crème des appelés dans une connotation péjorative.
Je suis désigné par l'Adjudant de discipline pour prendre en premier le service de semaine. Je ne vais donc pas chercher les jeunes à la gare de Metz au CTPM2.
Le Centre de transit du personnel militaire n° 2 permettait de recevoir et diriger les appelés sur les différentes affectations militaires de Metz : Régiments, base aérienne. Mais ces jeunes pouvaient également se présenter aux portes du Fort et à ce moment là c'était moi avec les jeunes du service de semaine qui réceptionnaient le contingent et les dirigeaient vers les salles de cours. Les DOM-TOM sont déjà présents depuis 2 ou 3 jours.
Eux qui étaient sur leurs îles découvrent la Lorraine en Janvier-Février avec le brouillard, le vent et au surprise la neige. Il faudra gérer tout cela au mieux.
La première journée a été pour moi particulière car je me suis revu comme presque quatre ans plus tôt. Je suis à peine plus âgé qu'eux. Mais il me faut être ferme, ne pas montrer que je stresse.
A l'époque, beaucoup n'ont pas encore quitté le cocon familial et il va falloir vivre en collectivité.
Avoir sa propre chambre et passer à une chambrée de 12 ou 16, je sais par expérience que ce n'est pas évident.
La réception de tout ce petit monde se passe bien. Il ne manque personne à l'appel. On commence à former les sections de 21 et "sans idée de manœuvre" c'est-à-dire sans vouloir les faire défiler au pas, on se rend dans les salles pour les formalités administratives.
Certains passeront déjà chez le coiffeur. Il y aura des crises presque de larmes mais surtout de rires en voyant ces têtes presque rasées. Tout le monde est mis à même enseigne.
Je me rappelle qu'un petit loubard de La Courneuve avec une banane de rocker avait réussi à nous tromper, à soudoyer le coiffeur pour qu'il lui laisse une mini-banane. Quand je l'ai découvert, le fou-rire était de mise mais j'ai laissé faire.
La première soirée, j'ai répondu à un millier de questions : qu'est-ce qu'on fait demain, quand rentre-t-on en permission, etc. ....
Et j'ai surtout commencé à demander à ce que l'on m'appelle Sergent !
La formation commençait : apprentissage des grades, à se présenter, etc....
Et puis, je sais que le lendemain matin le réveil est à cinq heures trente.
Pour moi, réveil une heure plus tôt afin d'être lavé, rasé et habillé pour le réveil en fanfare.
Je passe dans les chambres et je préviens tout mon petit monde:
- 22h30 : Extinction des feux,
- 5h30 : réveil en musique,
- 5h45 : réveil en fanfare.
En effet, à 22h30 il ne doit plus y avoir de lumières. Les jeunes doivent se reposer et il en sera ainsi pendant leur premier mois.
5h30 : la musique du réveil est diffusée par hauts-parleurs. Cela résonne bien dans ce bâtiment en pierre et aux chambrées voûtées.
5h45: je passe dans toutes les chambres pour "virer" ceux qui traînent au lit.
Je me souviens en avoir virer "manu militari" et je peux vous assurer qu'ils n'étaient pas contents mais je ne les ai jamais plus bousculé au réveil. Ils avaient compris.
Ce mois de formation est pour nous, encadrant, crucial pour la suite de leur année de service militaire. On ne veut pas avoir de reproche quant à leur connaissance des grades, du maniement des armes, de leur façon de défiler. Les jeunes vont subir de ma part les cours de combat et la manœuvre à pied : marcher au pas, savoir saluer, se présenter, faire un demi-tour correct.
Ils vont subir de la part des sous-officiers supérieurs des cours sur la discipline et les risques encourus en cas de faute. Et puis tous les matins cross obligatoire. Ce n'était pas évident pour tous.
Des instructeurs de tir vont leur expliquer le maniement des armes, leur apprendre à utiliser leurs armes à blanc ou à tir réel. Ce ne fut pas évident non plus. Il y a eu des coups de pied au derrière pour ceux qui avaient le malheur de se retourner avec leur armes.
Mais à force de faire, de répéter, de subir des punitions collectives à cause de l'un ou de l'autre, tout finit par rentrer. Et on commence à voir au bout de deux semaines des sections qui défilent dans la cour avec plus ou moins de réussite. La peur des tours de cour en courant en rebutent plus d'un. Ils s'efforcent, malgré leur volonté de mal faire, de donner quand même le meilleur pour pouvoir aller se reposer.
Le mois de février en Lorraine, n'est pas le mois le plus favorable pour dormir à la belle étoile mais on leur fait faire quand même.
Après plusieurs dizaines de kilomètres, le bivouac, où il faut monter les demi-toiles de tentes, monter la garde, aller attaquer le bivouac de l'autre compagnie, n'est pas toujours accepté compte tenu des conditions climatiques. Mais le mois se passe et arrivent les répétitions pour la présentation au drapeau.
Cette cérémonie est particulière car elle va permettre à ces jeunes qui n'en ont peut-être pas conscience, de montrer ce qu'ils ont appris. Il vont se rendre compte également que la cérémonie ce n'est pas seulement défiler.
C'est aussi attendre au repos ou au gare-à-vous que les autorités, les parents, les délégations des unités de la base aérienne arrivent. C'est présenter les armes car des militaires engagés reçoivent des médailles pour leur courage ou leur ancienneté.
Le défilé de présentation au drapeau de la 83/04.
Elle a eu lieu sur la place Leclerc à Longwy-bas, contraitement à la 83/02 qui avait eu lieu à Plappeville.
Au bout compte, on les a peut-être embêté (je n'ai pas voulu utiliser un verbe plus cru) pendant le mois de classe mais c'est le meilleur souvenir qui restait à ceux que j'ai pu retrouver par après. Car il y avait la solidarité de la chambrée, la convivialité, l'esprit de groupe.
Ils ont vécu en collectivité, obligés de s'entraider pour les différentes tâches dans leurs chambrées, mais aussi pour arriver au bout d'une marche en groupe et non pas en individuel.
Ils ont vécu en collectivité, obligés de s'entraider pour les différentes tâches dans leurs chambrées, mais aussi pour arriver au bout d'une marche en groupe et non pas en individuel.
Je sais par expérience que ce mois de formation va souder des amitiés. J'en ai pour exemple mon père qui à 83 ans reste en contact avec SON copain de régiment.
Pour nous Encadrant, c'était aussi un malaxeur social. J'ai pu former un pilote devenu copain avec un loubard. Ils m'ont fait les 400 coups ces deux-là.
J'ai failli subir une punition disciplinaire mais heureusement ils m'ont soutenu et c'est resté sans suite.
En conclusion, je n'était pas volontaire pour l'encadrement mais cela m'a permis de m'affirmer et de découvrir des gens avec leur histoire, leurs problèmes.
J'en ai retrouvé plusieurs sur base et même certains après leurs service militaire et ce qui restait souvent, c'était ce mois de formation.
Je n'ai pas réussi le concours d'officier mais j'ai fait une carrière qui m'a donnée entière satisfaction. J'ai quitté l'institution après 32 années de service avec le grade d'Adjudant-chef et garde un très bon souvenirs de l'encadrement de ces deux contingents.
Sergent M.
Commentaires
Enregistrer un commentaire