Le malheureux CANONFLEX sortit donc en même temps qu'un certain Nikon F.
Celui-ci était l'enfant naturel du Nikon SP, merveilleux petit télémétrique. Il en reprenait d'ailleurs une bonne partie des organes et pièces.
Le F était une bête.
Avec une baïonnette que l'on pourrait croire taillée dans la kryptonite. et une forme anguleuse finalement agréable à manipuler.
Cet appareil avait tous les superlatifs en débarquant sur le marché :
solide, indestructible, professionnel, efficace, etc, etc.
Sorti initialement en "silver", les reporters de guerre en service au Vietnam demandèrent rapidement une version noire, moins visible de l'ennemi.
C'est peut-être là l'origine des appareils professionnels noirs ??
Notez que les versions noires étaient plus chères, le laiton étant laqué à l'aide d'une peinture satinée très solide.
Les appareils argentés bénéficiaient eux, d'un chromage satiné sur le laiton.
A l'usage, la laque s'usait aux points de frictions (sangles, mousquetons) et le laiton apparaissait !
Le chrome lui, ne bougeait pas. Mais la version noire "faisait pro", alors ...
Qu'avait donc ce Nikon F de plus que le CanonFlex que j'ai présenté en juin ?
Voici les principaux traits fondamentaux du modèle :
Le F fût le premier reflex Japonais à utiliser un moteur d'entrainement électrique,
Il fût aussi le premier à proposer un dos 250 vues, facilement montable,
Encore le premier reflex Japonais a disposer de verres de visée interchangeable,
Son viseur couvrait 100 % du champ,
Il était le premier à disposer d'un contrôle de profondeur de champ, qui de plus était simple à utiliser,
Son miroir était verrouillable (encore une première pour un Japonais),
Et enfin, il fût lancé sur le marché avec une collection d'optiques courant du 21 au 1000 mm, encore une fois une première pour un appareil Japonais
A noter que Nikon fabriquait lui-même son verre, à partir de sables rares, cultivés jalousement dans une grotte, au large de l'archipel, parait-il gardée par un féroce dragon jaune et noir.
Son lancement fût donc un choc, donc beaucoup eurent du mal à se remettre, alors que d'autres ne s'en relevèrent pas... (je pense aux Français)).
Pourtant très cher, il devint très vite l'appareil "nice to have" sinon indispensable.
Pour mémoire, en 1970, un Zénit E valait 520 FF et un Nikon FTn (pourtant sur la fin de sa carrière) coûtait 2295 FF. Quant à un milieu de gamme tel qu'un Ricoh, il fallait débourser 1140 FF.
Un film comme "Blow-Up", du réalisateur Michelangelo Antonioni, présenté fin 1966, contribua fortement à sa réputation. Le photographe que l'on suit dans le film, interprété par David Hemmings, photographiait pourtant n'importe comment, n'ayant visiblement pas été "briefé" par les représentants de chez Nikon sur la manière de tenir un appareil.
Mais qu'importe, l'acteur est révélé par ce film et le Nikon F monte au pinacle.
A noter, l'apparition dans ce film d'une jeune femme toute maigre (et dénudée, ce qui fit grand scandale au pays de sa Majesté).
C'est Jane Birkin, pour son premier vrai rôle au grand écran...
Là où vous n'allez pas me croire, c'est en lisant les dates de début et de fin de production : Mars 1959 à Février 1972 !!!!
Pensez donc que de nos jours, les appareils ont une durée de vie de 2 ans, environ, avant d'être poussé par le suivant (c'est pour cela que je ne peux que vous recommender d'acheter votre appareil d'occasion !).
Le Nikon F2 le remplacera, lancé en 1971 et commercialisé jusqu'en 1980, avec enfin un dos à charnière (celui du F devait être tenu par les dents, durant le chargement du film, ce dont les Pros ne se sont jamais plaints).
Le F2 est le seul qui me manque sur mes étagères.
Alors je cherche, je cherche...
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