Plus d'un mois sans message ?
Diable, le temps passe vite.

Le billet de ce jour sera consacré à une photographe et à son travail, qui me touchent beaucoup. La petite larme n'est jamais loin.
Si, si, je vous assure.

Cette photographe est Dorothea Lange. Amécaine née en 1895, elle laissa un témoignage toujours aussi émouvant, des migrants de 1929.
A cette époque, bien sûr, il y eut la grande crise, mais aussi, et l'on l'ignore souvent en Europe, le "Dust Bowl". Phénoméne climatique exceptionnel, et catastrophe écologique, qui dura jusqu'à dix ans dans certains états, et ce, à partir du début des années 30...
Une grande partie du pays fut balayé par des vents asséchant tout, soulevant d'énormes nuage de poussière et de sable.
Les paysans furent vite chassés par ce vent de poussière qui détruisait leur ferme, tuait leur bétail, ravageait leur maïs.
Ils partirent donc de l'Oklahoma et de l'Arkansas, pour devenir les "Okies" et "Arkies" transumant pour aller cueillir des oranges en Californie.
Cela ne vous rappelle rien ?
Oui, c'est l'histoire relatée dans l'excellent roman de Steinbeck "les raisins de la colère".
Lisez ce livre, et relisez le.
Dorothea fut certaines fois surnommée "la photographe des raisins de la colère", d'où ma longue introduction.
Elle figea pour toujours ces hommes, ces femmes et ces enfants de son propre pays, en marche vers le soleil dans la misère brute.

Je vous conseille le livre " Dorothea Lange, Le coeur et les raisons d'une photographe" aux édition du Seuil.

Un passage m'a particulièrement retourné.
Je me permet de le retranscrire ici en espérant que personne ne me le reprochera. C'est pour vous inciter à lire ce livre que je le fais.

C'est Ralph Gibson, son assistant durant un temps, qui parle :

"La chambre noire fut une autre histoire. Il m'apparut vite que Dorothea ne comprenait pas vraiment la dimension technique de la photographie, ce qui ne manqua pas de me surprendre et de m'intriguer. Où ses images prenaient-elles donc leur puissance ?
Un jour, aprés avoir tiré et retiré une photographie d'une adolescente devant un mur de tôles, changé de papier et effectué de nouveaux tirages, je l'interrogeais sur cette fille.
Elle me dit alors qu'il s'agissait juste d'une enfant, mais qu'elle paraissait plus agée en raison des cernes sous ses yeux : elle était faible d'esprit et d'autres enfants la harcelaient, la tourmentaient. Je détachais les yeux de la photographie et m'aperçus que Dorothea, en me racontant cette histoire, s'était mise à pleurer de compassion pour cette fille. Le cliché datait de plus de 25 ans, mais il la bouleversait encore. Je commençais à comprendre que la photographie n'était pas vraiment une question de technique. C'était sa volonté à elle d'essayer de rendre le monde meilleur, qui forçait ce médium à obéir et à réagir. Sa technique était tout entière dans son coeur"


Qu'ajouter à cela ?

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